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Marie, portrait d'une femme réfugiée en France

par

Sophie Lavergne

Marie, portrait d'une femme réfugiée en France

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, et à l'heure triste où des centaines de milliers de réfugiés fuient l'Ukraine en guerre, surtout des femmes et des enfants, Cooptalis met en lumière le parcours d’intégration d’une femme partie seule de Guinée. Arrivée en France en 2018, la trajectoire de Marie est un exemple de force, de résilience et d’engagement, une bouffée d'espoir pour celles et ceux qui sont aujourd'hui sur les routes, une source d'inspiration pour tous.

La Convention de Genève relative au statut des réfugiés et les traités internationaux de protection des droits de l’homme protègent les hommes et les femmes de manière égale. Cependant dans la pratique, des inégalités subsistent. Les risques sont accrus. Lorsqu’elles fuient pour des raisons de sécurité ou lorsqu’elles migrent vers une vie meilleure, les femmes et filles sont souvent confrontées à la traite, aux mariages forcés, à des violences fondées sur le genre, des abus et violences sexuelles et des discriminations raciales. Les filles, les femmes enceintes, les mères avec enfants en bas âge, et celles confrontées aux discriminations croisées sont particulièrement vulnérables. Les actes de persécution spécifiquement dirigés contre les femmes, telles que la violence domestique, la violence sexuelle et la traite des êtres humains, ne sont pas toujours reconnus comme des motifs de fuite. Malgré les normes établies, très souvent, les mesures mises en place sont inadéquates et ne répondent pas aux besoins de protection et d’intégration des femmes et filles migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile. Il reste également à agir en matière de logements sécurisés. Les sujets d’amélioration ne manquent pas.

 

Marie, 34 ans, assistante administrative actuellement en formation et en stage de comptabilité, mère d’une petite fille de 1 an est une des (trop) rares femmes à bénéficier du programme Mercure, mis en place par Cooptalis en 2019 pour faciliter l’insertion professionnelle des personnes réfugiées.

 

Je me donne des résolutions pour réussir. Par exemple, cette année, j’apprends un nouveau synonyme tous les jours.

 

D’où venez-vous ?

De Guinée Conakry, je suis francophone.

 

Quand êtes-vous arrivés en France ?

En 2018, en passant par l’Allemagne (arrivée en Europe à Francfort). J’ai obtenu le statut de réfugiée en 2019.

Je suis accompagnée par l’association AIR (Accueil Insertion Rencontre). Coralie, ma référente est une personne clé dans mon parcours en France. C’est elle qui m’accompagne et m’a permis de devenir bénéficiaire du programme Mercure de Cooptalis en faveur de l’insertion professionnelle des personnes réfugiées.

 

Où habitez-vous ?

Dans la Métropole lilloise

 

Avez-vous fait des études ? 

Oui, dans mon pays j’ai fait des études en comptabilité et exercé comme assistante administrative. En France je suis actuellement une formation. J’ai des cours de français et d’informatique.

Je veux avoir un diplôme, un titre professionnel français. Si tout se passe bien, je passerai l’examen en décembre. Là je démarre un stage de 6 semaines au service comptabilité chez Cooptalis.

 

Avez-vous des enfants ?
Oui, j’ai 1 fille âgée de 1 an. Elle est née en France et va à la crèche.

 

Quels défis et difficultés avez-vous rencontrés lors de votre parcours professionnel ? Voyez-vous des difficultés que vous avez rencontrées notamment parce que vous êtes femme ?
Quand je suis arrivée, je ne connaissais personne. C’était dur. Dur d’être séparé de ma famille et amis, et difficile culturellement de bien comprendre la société autour de moi.

Et puis les questions de sécurité sont réelles et inquiétantes.
Trouver un hébergement en tant que femme seule est quasiment impossible. Les lits vont en priorité aux femmes avec des enfants. Quand on arrive seule comme moi en ne connaissant personne, on demande de l’aide. C’est angoissant et très difficile de comprendre le système, connaitre ce à quoi on a droit ou pas.

"Je me donne des résolutions pour réussir. Par exemple, cette année, j’apprends un nouveau synonyme tous les jours."

Comment s’est passée votre intégration en France ?

Comme je l’ai dit, je ne connaissais personne à mon arrivée en France. C’est difficile d’accepter et bien comprendre son nouvel environnement, on n’a pas ou peu de repères.

Quand j’ai eu mon premier travail, j’ai pu me loger, avoir mes clés. C’était beaucoup mieux. Mais j’étais aussi très isolée. La solitude est dure et socialement, au travail, la différence est compliquée.

 

Comment avez-vous trouvé votre formation actuelle ?
L’AIR m’a beaucoup soutenue, pour trouver un premier travail et ensuite, me former.
Même si c’était le même métier qu’en Guinée et qu’il y a des points communs entre l’exercer en Guinée et en France. Il y a aussi des différences : les équipements, l’Internet plus rapide, les méthodes et les conditions de travail.

J’ai eu un premier poste d’assistante administrative avec de bons résultats. Ils voulaient me garder. Mais moi je voulais aussi et surtout me former. Coralie de l’AIR m’a orientée vers le programme Mercure. C’est là qu’on m’a proposé de suivre une formation. J’ai sauté sur l’occasion. J’ai une petite fille. C’est très important pour moi d’avoir un diplôme, je serai fière de moi quand j’aurai mon diplôme. Je me donne des résolutions pour réussir. Par exemple, cette année, j’apprends un nouveau synonyme tous les jours.

J’ai d’autres projets à plus long terme. Je veux entreprendre. Pendant un temps j’ai travaillé à Lesquin, près de Lille, dans une entreprise de recyclage d’appareils électroménager. En Afrique, il y a encore peu d’initiatives de ce type. Ça me plairait d’adapter cette idée à l’environnement africain…

 

Sources

https://www.unwomen.org/fr/news/in-focus/women-refugees-and-migrants
https://rm.coe.int/prems-089219-fra-2573-femmes-migrantes-brochure-web-a5/16809663fd

Sophie Lavergne

par Sophie Lavergne