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Le salarié boomerang : la bonne idée recrutement

Rédigé par Edmond Kean | 17 mai 2023 18:12:00

Le salarié boomerang : la bonne idée recrutement

Des soucis de recrutement ? Et si vous embauchiez un ex-salarié ?

Hors de question ! Vous vivant, jamais ?

Pourquoi ? Car, comme en amour, il ne faut surtout jamais, au grand jamais, reprendre son ex ! « Il était une fois, pas deux » est votre mantra préféré pour le cœur.

 Alors, reprendre un ancien employé, c’est du pareil au même… Next !

Oui, mais… non ! D’abord, les conseils du cœur, on sait ce que ça vaut : ce qui est bon pour les uns ne vaut pas forcément pour les autres. Donc, pas de généralités !

D’ailleurs, l’« on a vu souvent rejaillir le feu de l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux, il est, paraît-il, des terres brûlées donnant plus de blé qu'un meilleur avril… »,etc. Je vous laisse finir la chanson chez vous ! (Vous l’avez en tête maintenant… Merci qui ?)

Concernant le recrutement, soyons pragmatiques : reprendre un « salarié boomerang » peut-être LA bonne idée et la solution efficace pour renforcer votre équipe et votre image.

Vous en doutez ? OK, on vous explique tout ça…

Du grand départ au grand retour ?

« Partir un jour sans retour, sans se retourner, ne pas regretter » … disait la chanson !

Eh bien, ce n’était pas vrai !

Je dénonce et je n’ai pas peur de le dire.

En France, « 63 % des démissionnaires estiment avoir fait un choix précipité » selon l’étude Morning Consult pour UKG (2022).

De quoi parle-t-on exactement ?

Souvenez-vous : en 2021-2022, un phénomène inondait les éditos et bouleversait les spécialistes du recrutement aux USA et en Europe : le « big quit » ou « great resignation » … Traduction : 

 La grande démission 

En effet, les chiffres faisaient peur : entre avril 2021 et avril 2022, on parlait de 3,98 millions de départs par mois aux Etats-Unis. En novembre 2021, on atteint le chiffre record de 4,5 millions ! En France, 2,3% des actifs sont concernés ... Une véritable hécatombe sur le marché du recrutement !

Source : https://www.leparisien.fr/economie/emploi/emploi-la-france-touchee-par-une-vague-de-demissions-au-premier-trimestre-2022-18-08-2022-4OS23PX47VE4JJGKECQYPKJOBQ.php

Après la crise sanitaire et son confinement perturbant, de nombreux salariés, de tous les secteurs, quittaient leurs emplois pour retrouver du sens dans leur travail ou leur vie. Confronté à une véritable crise de valeurs, le rapport au travail évoluait pour devenir plus exigeant…

Si la France n’a pas connu un niveau de départs aussi massif qu’aux États-Unis, beaucoup sont partis vérifier si « l’herbe était plus verte » ailleurs…

 Pourtant, changer d’entreprise plusieurs fois dans sa carrière ne faisait pas vraiment partie de la culture pro française. Alors qu’au Royaume-Uni et aux États-Unis, le marché du travail est beaucoup plus flexible et les personnes changent régulièrement de poste ou de profil… (Rester trop longtemps sur un poste est même synonyme d’échec !)

En France, la culture du diplôme et de l’expérience pèse encore lourdement et si l’on envisage de changer d’employeur, on imagine parfois moins de changer de branche ou de métier… Mais les mentalités changent : selon les spécialistes, les carrières sont de moins en moins linéaires et rester de longues années, fidèle à son entreprise, comme lors des trente glorieuses (1950-1973), n’est plus le modèle de référence…

Résultats ?

Autrefois dénigrés et désignés comme "job-zapper", ces employés sur le départ étaient surtout des "millenials" en quête de flexibilité et de sens. Désormais, toutes les générations, y compris les séniors, sont concernées, et franchissent le pas… Mais pas sans remords !

L’enquête UKG d’avril 2022 estime que deux salariés français sur trois (60 %) regrettent d’avoir démissionné trop vite contre 40%, en moyenne, dans l’ensemble des autres pays. En Grande-Bretagne, on parle de « Great Regret » en référence à la « Great Resignation ».

L’option retour à la case départ  traverse de plus en plus souvent l’esprit des démissionnaires.

Tous ne l’assument pas, mais certains le font : 13 % auraient ainsi réintégré leur entreprise.

On les appelle : les salariés ou employés boomerang. Il s’agit de collaborateurs revenant travailler dans leur ancienne entreprise après l’avoir quittée quelques mois ou années auparavant. 

On parle aussi de "phénomène boomerang" pour désigner la réembauche d’un ancien collaborateur.

À noter : ils seraient 20% dans le monde, près d’un salarié sur cinq.

Car, là encore, le phénomène existe, depuis plusieurs années, aux États-Unis. Selon LinkedIn, la proportion de salariés boomerang aux USA seraient passés de 2 % en 2010 à 4,3 % en 2021.

Les salariés boomerang sont même fort demandés aux États-Unis : selon certains sondages, 75 % des entreprises préfèrent les embaucher plutôt que de recruter  nouveaux employés.

En France, ce phénomène boomerang n’est pas encore bien intégré dans les pratiques et dans les habitudes. Certains managers voient encore le départ de salariés comme une trahison…

Hier encore, seuls 52 % des managers se disaient prêt à réembaucher un ex-collaborateur. Aujourd’hui, 70% des employeurs seraient ouverts à cette idée…

Le phénomène n’est donc pas anodin et mérite qu’on s’y attarde.

Après tout, des noms aussi connus que Steve Jobs, Steve Huffman (le co-fondateur de Reddit) et LeBron James furent des employés boomerang... Ça donne à réfléchir, non ?

En effet, il y a dix ans, un salarié qui partait n’imaginait en aucun cas la possibilité d’un ticket retour. Le contexte économique a forcé les esprits à évoluer : avec les vagues de départs qui ont suivi la pandémie, les entreprises sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre.

Une évolution des mentalités ?

Vu la situation, l’option des salariés boomerang devient alors une solution intéressante : un ancien salarié connaît déjà la culture de l’entreprise, son fonctionnement et ses méthodes, mais aussi ses anciens collaborateurs… Il s’intégrera donc rapidement.

Pour certaines entreprises, réintégrer un ex-collaborateur apprécié pour ses compétences, power ou soft skills, comporte moins de risques que d’embaucher un nouvel employé dont on ne connaît que le CV !

Ce retour peut même être considéré comme flatteur : on ne revient pas dans une entreprise que l'on déteste. Revenir signifie reconnaitre les atouts de l'ancienne entreprise. 

Et les recruteurs l’ont bien compris : le salarié sur le départ n’est donc plus considéré comme un traître, mais comme un potentiel salarié sur le retour !

Un phénomène ancien qui s’accélère

Selon le baromètre LinkedIn de l’emploi, publié en février dernier, la part des salariés boomerang français a augmenté de 36% en trois ans : 2,38% des inscrits sur LinkedIn ont changé d'employeur en 2022 contre 1,75% en 2019.

 

Qui sont-ils ?

Quels profils ?

Selon l’étude UKG, 65% des salariés français pourraient revenir dans leur ancienne entreprise. Mais seuls 13% passent à l'acte !

Ces salariés boomerang sont en majorité des hommes (deux fois plus d’hommes que de femmes), des cadres (32%) notamment des managers, plutôt des séniors issus des grands groupes (PME ou ETI) et provenant de tous les secteurs d’activités.

En moyenne, le salarié boomerang revient après 13 mois.

Certains auront suivi les sirènes de postes plus avantageux, plus prestigieux et mieux rémunérés : nouvelles compétences, nouveau titre, nouveau salaire… Plutôt tentant !

Ces profils performants, à hauts salaires, partis découvrir d’autres horizons et d’autres expériences reviennent ensuite mettre toutes ces nouvelles expériences et  compétences au service de leur ancienne entreprise…

Des avantages difficilement refusables pour les employeurs !

Et ça paye : selon le rapport Visier, de 3 millions de dossiers d'employés dans 129 entreprises internationales entre janvier et avril 2022, le salarié boomerang a obtenu une augmentation de 25 % de son salaire.

On les retrouve essentiellement dans les secteurs et les métiers en tension, là où ils sont en position de force pour négocier leur retour.

En effet, une étude de la Dares et de Pôle Emploi (2022) démontre que les tensions sur le marché du recrutement sont au plus haut depuis dix ans. La situation semble même s’aggraver : selon Pôle Emploi (2023), 61% des recrutement sont jugés difficiles contre 57,9% en 2022.

Quels secteurs sont concernés ?

Tous les secteurs sont concernés, mais particulièrement les secteurs de la finance et des services aux collectivités avec 5,07% et 4,13% de salariés boomerang (2022) comme le montre ce graphique des Echos...

Pourquoi partent-ils ?

Si vous envisagez de recruter à nouveau un ancien collaborateur, alors vous devez comprendre les raisons de son départ pour ne pas louper son retour.

Selon une enquête UKG menée entre décembre 2021 et janvier 2022 en France.

On le redit, la crise sanitaire et la pandémie associées à une conjoncture économique et politique anxiogènes y sont pour beaucoup : confinement, guerre en Ukraine, réchauffement climatique ou encore inflation… Autant de peurs et de remises en question.

Un grand nombre de salariés se sont alors interrogés sur le sens et l’utilité de leur travail, sur leur rythme professionnel, sur leur vision de l’avenir.

Différentes autres raisons peuvent aussi expliquer le départ du collaborateur : reprise des études, nouvelles opportunités, rémunération plus élevée, départ à l’étranger, etc.

Si la rémunération est souvent une des raisons principales, l’étude UKG estime que l’absence de reconnaissance est la première raison de départ ! Viennent ensuite, le mauvais équilibre vie pro/vie perso, les faibles opportunités de carrière ou un conflit avec la direction…

Bien souvent, employeurs et managers se trompent sur les causes des démissions : pour eux, après le facteur rémunération, les départs trouveraient leur  causes surtout dans des problèmes personnels (le couple, la famille, le temps à consacrer aux enfants, etc.)... 

Cette erreur d'analyse révèle un manque d’écoute et de clairvoyance qui peut poser problème.

Or, les raisons sont souvent multiples et à la croisée des chemins entre ambitions personnelles, attentes sur les conditions de travail ou quête de valeurs et de sens…

A noter : Selon l'étude UKG, si la rémunération est citée en premier par les sondés (49 %), plus de la moitié partent pour d'autres motifs...

1 démissionnaire sur 5 a même accepté d'être moins payé dans son nouveau job !

Il s’agit donc lors de chaque départ ou retour d’interroger en toute transparence le salarié pour mieux comprendre le sens de son départ… et de son retour !

Pourquoi reviennent-ils ?

Lorsqu’ils décident de revenir, ils le font souvent par opportunité : un poste plus attractif et mieux rémunéré correspondant à leur nouvelle maturité professionnelle.

Mais l’ambition pro n’est pas la seule raison !

Comme on le voit ici dans l’étude UKG, les principaux regrets pour certains sont :

Premier sur le podium : les collègues (38%) !

C’est parfois une deuxième famille pour certains ou tout simplement des amis. Et dieu sait qu’on en passe du temps avec eux… Dans une nouvelle entreprise, il faut tout reprendre à zéro et recréer des liens, des complicités… Et sans garantie de succès !

Le confort (31%) est aussi mis en avant pour rappeler l’avantage d’un travail où l’on maitrise les codes, les attentes et où l’on connait bien l’entreprise qui nous emploie. Un travail qui peut aussi nous rassurer dans une conjoncture parfois fébrile…

Bien soigner les interactions sociales et le dialogue sont donc un atout dans l’entreprise pour créer une ambiance introuvable ailleurs.

 

Reprendre un salarié Boomerang : bonne ou mauvaise idée ?

Salariés boomerang : quels avantages ? 

1) Ils connaissent déjà la « maison »

Selon une étude menée en 2021 par J.R Keller, professeur RH à l’université de Cornell, le boomerang serait plus performant que les nouveaux embauchés. En effet, pas besoin de perdre du temps à lui expliquer la marche à suivre, il connaît déjà la maison et ses habitudes.

Le recrutement et le processus d’onboarding sont ainsi facilités et accélérés. 

Le recrutement boomerang va alors faciliter la vie du service RH : au revoir diffusion d’annonces, sourcing ou longs entretiens avec de multiples candidats…

Un gain de temps appréciable pour le RH et potentiellement, une économie pour l’entreprise…

Autre gain de temps à prendre en compte : celui du salarié boomerang, qui va plus rapidement être opérationnel et efficace à son poste contrairement à une nouvelle recrue.

Il maîtrise déjà de nombreuses power skills attendues : la culture d’entreprise, ses valeurs, le fonctionnement de l’entreprise, les méthodes et outils, les équipes, les partenaires ou les clients… On n’a pas grand-chose à lui apprendre. Juste, peut-être, quelques ajustements ou changements apparus en son absence.

On voit bien ici l’importance des compétences non techniques dans le processus du recrutement…

 

2) Un employé 2.0 : tout beau, tout neuf

Eh oui, votre ancien salarié ne revient pas les mains vides !

Il a acquis des connaissances, des compétences et de l’expérience avant son retour.

C’est un homme neuf, ou presque, qui revient en conscience avec une nouvelle motivation et un regard différent. Il pourrait même vous aider à faire évoluer vos process et proposer de nouvelles méthodes de travail que vous n’aviez pas envisagées.

Et si en plus il a travaillé chez votre concurrent, son analyse du marché vous sera plus que profitable.

Voilà une richesse à prendre en considération lorsque vous discuterez de poste et de missions… Ou de salaire !

 

3) Redorer son image et sa marque employeur

Lorsque d’anciens salariés font un retour en fanfare chez vous, c’est plutôt bon pour votre image !

Cela laisse supposer à qui veut bien l’entendre que votre entreprise est digne d’intérêt avec une culture d’entreprise et une ambiance attractive.

Non seulement c’est un atout pour attirer des talents, mais cela renforce aussi la fierté et la motivation de ceux qui sont déjà présents !

Et ce « come-back » envoie un message intéressant à tous : non, l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs…

 

4) La loyauté du « come-back »

Le salarié boomerang fait le choix de revenir chez vous, dans votre entreprise et a de bonnes raisons...

Lui donner une seconde chance, c’est forcément lui donner de quoi vous être reconnaissant, voire redevable ! Il en développera la volonté de faire ses preuves pour ne pas vous décevoir…

Voilà un collaborateur qui sera bien plus fidèle qu’un autre et si l’on y ajoute sa motivation, on peut espérer que cela déteigne sur toute l’équipe.

Et si en plus, il a pu obtenir une promotion, vous pouvez largement compter sur lui pour les missions en première ligne !

Intéressant, non ?

Les difficultés à anticiper

Avant d’ouvrir grand les bras au retour du fils prodige, soyez sûr de bien connaître ses motivations et ses attentes.

Un ou plusieurs entretiens seront nécessaires pour éviter tout malentendu !

 

  • Vérifier les conflits potentiels

Un salarié qui revient peut perturber et mettre à mal l’équilibre des équipes.

De façon à instaurer un climat agréable et chaleureux, il est capital d’être transparent et d’expliquer à vos équipes le pourquoi et le comment de ce retour.

Interrogez vos salariés qui pourraient vivre mal le retour de l’ex-collègue : y’a-t-il eu des conflits entre eux auparavant ? Comment se déroulait le travail d’équipe ?

Soyez aussi attentif au sentiment de jalousie qui pourrait survenir face à la promotion à un poste ou un salaire supérieur de l’ex-collègue… Il faut pouvoir justifier ces évolutions ou avantages.

Il ne faudrait pas que l’on vive celles-ci comme des injustices ou du « piston »… On pourrait alors imaginer qu’il suffit de partir un temps puis de revenir pour obtenir de l'avancement.

 

  • La carte de la transparence :

Il faut pouvoir être franc et poser certaines questions que l’on ne pose pas à une nouvelle recrue :

  • Qu'avez-vous aimé/détesté dans votre dernier travail ? Pourquoi l’avoir quitté ?
  • Quel était votre ressenti vis-à-vis de votre équipe, votre manager ou la direction ?
  • Quelles compétences et expériences pensez-vous avoir acquises depuis votre départ ?
  • Quelles étaient les motivations de votre départ de notre entreprise ? Pensez-vous que ces éléments n’existent plus ?
  • Qu’est-ce qui vous motive à revenir ?
  • Quelles poste et rémunération attendez-vous ?
  • Comment voyez-vous votre carrière dans les prochaines années ?

 

  • Le départ bis

D’après l’étude UKG, 47% des salariés boomerang envisagent de démissionner à nouveau.

 Attention : si le salarié revient, évitez le syndrome du « retour à la case départ » !

La situation a évolué, il serait étrange de lui proposer le même poste et le même salaire qu’autrefois. Ses nouvelles expériences et compétences doivent être prises en compte.

La proposition de poste doit tenir compte à la fois de vos attentes, mais aussi des siennes… Sinon, on risque fort de le voir repartir !

 

Vous l’aurez compris, recruter un salarié boomerang offre beaucoup d’avantages qui le rendent très attractif.

 C’est une solution rapide et efficace dans cette période de difficulté de recrutement.

 Il ne tient donc qu’à vous de renouer le lien avec votre ex-collaborateur.

Bien souvent, ils n’attendent qu’un geste, qu’un contact… (on parle toujours des salariés boomerang, n’allez pas confondre avec un autre sujet…)

Mais une question guette l’employeur sensible : et s’il repartait ? Ce serait alors faire beaucoup d’efforts inutiles !

Et bien entendu, nous pouvons vous aider à répondre à cette angoisse existentielle.

Lisez notre prochain article pour savoir comment réussir le retour de votre salarié boomerang…

À tout de suite !